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Entre optimisme et pessimisme

Philippe Satre - Consultant en management et coach professionnel

« Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer, le réaliste ajuste ses voiles. ».

Cette citation de William Arthur Ward, qui circule beaucoup en ce moment, constitue une excellente entrée en matière pour aborder un sujet d’actualité en cette période de pandémie mondiale. Sujet d’autant plus d’actualité que fleurissent depuis quelques semaines aux fenêtres de nos habitations de magnifiques arcs-en-ciel accompagnés de la mention « Ça va bien aller », destinés à transmettre aux rares passants un message d’espoir et d’optimisme en cette période de confinement qui s’éternise.

Selon Boris Cyrulnik « Il faut comprendre que le pessimisme ou l’optimisme n’ont rien à voir avec la réalité. Ils sont fonction de la représentation que l’on se fait du réel. »

Les optimistes et les pessimistes seraient-ils donc « déconnectés » de la réalité et les réalistes les plus aptes à l’appréhender et l’apprécier ?

Adoptons-nous l’un ou l’autre de ces traits de personnalité au gré des circonstances, ou sommes-nous en tout temps amenés à pencher vers un seul d’entre eux ?

Relisons tout d’abord les définitions de ces trois états d’esprit auxquels nous sommes constamment confrontés dans nos vies de tous les jours.

Optimisme : Disposition d’esprit qui incline à prendre les choses du bon côté.

Pessimisme : Tendance de quelqu’un qui, par caractère ou après réflexion, prévoit une issue fâcheuse aux événements, à la situation, qui en attend le pire.

Réalisme : Attitude qui tient compte de la réalité telle qu’elle est.

Plusieurs approches peuvent être utilisées pour aborder ce sujet. J’ai choisi de le traiter à partir d’un outil que nous utilisons très souvent dans le cadre de la plupart de nos accompagnements en coaching :

« Les niveaux logiques ».

D’après Robert Dilts (1), qui a repris ici les travaux de Gregory Bateson (2) relatifs aux différents niveaux d’apprentissage, l’être humain est psychologiquement structuré selon 6 « niveaux logiques » qui interagissent en permanence pour influencer nos pensées, nos actions, et nos interactions avec les autres.

Ces 6 niveaux logiques sont représentés sous la forme d’une pyramide :

La pyramide des niveaux logiques de Robert Dilts se lit et se comprend en commençant par sa base et en remontant jusqu’à son sommet.

L’ENVIRONNEMENT : Où ? Quand ? Avec qui ?…

L’ENVIRONNEMENT constitue le fondement de la pyramide. Il représente le contexte dans lequel nous évoluons, le milieu physique et géographique dans lequel nous nous trouvons, l’ambiance qui règne autour de nous, les personnes avec lesquelles nous interagissons.

LES COMPORTEMENTS : Quoi ?…

Au sein de cet environnement, nous adoptons des COMPORTEMENTS, des façons de faire, de communiquer.

LES CAPACITÉS/LES RESSOURCES : Comment ?…

Nos comportements sont issus de nos CAPACITÉS, de nos RESSOURCES internes, qui définissent nos stratégies. Quelles sont ces ressources, ces aptitudes, ces capacités ? Quelles sont nos forces ?

LES VALEURS/LES CROYANCES : Pourquoi ?… Pour quoi ?…

Ces capacités, ces ressources sont directement déterminées, construites, ou développées à partir de nos

VALEURS, et de nos CROYANCES. Ces dernières définissent et établissent ce qui est important pour nous, et donc notre degré de satisfaction, notre acceptation ou notre rejet d’une situation donnée.

Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ? Pour qui le faisons-nous ?

L’IDENTITÉ : Qui ?…

L’IDENTITÉ constitue l’avant-dernier niveau logique. Il définit qui nous sommes quand nous faisons ce que nous faisons, et quelle MISSION nous nous sommes donnée en lien avec nos croyances et nos valeurs, mais aussi en fonction de notre statut social et/ou professionnel.

LA VISION : Qui et quoi d’autre ?…

À la pointe de la pyramide se situe la VISION, illustrant ce à quoi nous contribuons de plus grand que nous en lien avec notre mission et notre identité.

Qui, quoi d’autre sommes-nous appelés à être, à devenir ?

Chaque niveau logique de la pyramide influe sur ce qui se trouve en dessous de lui.

Notre vision définit notre identité qui communique nos croyances. Nos croyances influent sur nos capacités qui dictent nos comportements ayant eux-mêmes un impact sur notre environnement.

Cette logique fait en sorte que, lorsque nous définissons un objectif à atteindre (à titre personnel, dans le cadre d’une équipe, ou plus largement d’une organisation), il convient d’abord et avant tout d’identifier le niveau logique qui subira le plus d’impacts en raison de cet objectif. L’enjeu se trouve-t-il au niveau d’un comportement à améliorer ou à changer ? Est-il lié à l’acquisition ou l’amélioration de certaines capacités ? Cet enjeu est-il associé à des croyances, des valeurs que nous possédons ? Est-ce un enjeu identitaire ?…

En fonction du niveau logique ciblé, il sera alors pertinent de travailler sur le ou les niveaux supérieurs dans le but d’avoir un impact maximum sur le niveau à faire évoluer.

Parmi ces 6 niveaux logiques, un seul fonctionne dans les 2 sens, en impactant autant les niveaux au-dessus et en dessous de lui : les valeurs/croyances.

Lorsque nous utilisons la pyramide des niveaux logiques dans l’analyse du type d’approche (optimiste, pessimiste ou réaliste) appliqué à une situation ou un événement, le niveau des croyances/valeurs s’avère souvent comme étant le plus influent.

Ces croyances/valeurs sont issues de nos expériences passées ou actuelles, de notre éducation, de nos apprentissages, de notre culture, des épreuves que nous avons traversées ou que nous traversons actuellement. Elles se sont ancrées en nous comme des programmes informatiques sur un disque dur. Et comme nous adoptons des comportements cohérents avec nos croyances, ces dernières influencent notre vision et notre interprétation des situations auxquelles nous sommes confrontés et sur la communication verbale ou non verbale que nous utilisons.

Quelqu’un pour qui la vie est une succession de difficultés à surmonter, d’échecs plus ou moins importants, d’enjeux de santé à gérer, ou qui traverse une phase de vie difficile, va avoir une tendance naturelle à imaginer l’issue d’une situation à risque de manière pessimiste. Une autre personne pour qui la vie est un long fleuve tranquille sans enjeu majeur se dira instinctivement que cette situation « à risque » a toutes les chances de se terminer de manière positive et sans conséquence fâcheuse.

Entre les lunettes roses de l’optimiste ou celles plutôt grises, voire noires, du pessimiste, il n’y a pas de posture miracle. La personnalité et les croyances de chacun prédominent dans chaque situation.

S’il parvient à combiner l’approche positive de l’optimiste avec celle négative et inquiète du pessimiste, le réaliste semble être le plus apte à tirer son épingle du jeu dans la représentation d’une réalité parfois subjective.

Dans tous les cas de figure, seule l’issue d’une situation abordée de façon optimiste, pessimiste ou réaliste démontrera laquelle de ces 3 approches a été la plus adaptée. Mais là encore, les croyances de chacun referont surface pour analyser, expliquer et démontrer le bien-fondé et la justification de chaque approche.

Philippe Satre

Au cours de ses 25 années d'implication en management organisationnel et gestion du changement au sein d'entreprises œuvrant en technologies de l'information, Philippe a toujours mis l'humain et la communication au premier plan de ses actions et de ses priorités. Aujourd'hui coach professionnel certifié en PNL, il accompagne les organisations, les équipes et les individus dans l'atteinte de leurs objectifs de performance organisationnelle et d'évolution humaine.